Suite au débat sur la future politique vélo à Paris,
Vélorution appelle à la tenue d’États généraux du Paris cyclable et respirable
Le débat entre les candidat·e·s aux élections municipales de Paris organisé dans la cadre de l’opération vélorutionnaire « Cahier de doléances des cyclistes à Paris » s’est tenu jeudi 20 février à la Bastille (Maison du vélo) devant une assistance nombreuse et attentive. Une captation vidéo sera mise en ligne bientôt.
Vélorution Paris remercie :
pour la bonne tenue des échanges et la qualité de leurs interventions sur la « Future politique vélo à Paris ».
Tou·te·s les intervenant·e·s sont d’accord pour favoriser le vélo même si les stratégies divergent ou si certains aspects connexes (lutte contre la pollution, diminution des véhicules motorisés voitures et 2RMs…) ne sont pas traités de la même manière. Mais l’objectif de cette soirée n’était pas de distribuer des bons ou mauvais points. Cependant…
Nous avons relevé quelques sujets marquants :
- Patrick Comoy insistant sur la relocalisation de l’énonomie et des activités pour diminuer le besoin de se déplacer ; il lui semble contradictoire de développer le stationnement 2RM d’un côté et vouloir favoriser le vélo en même temps, il faut faire des choix entre les modes.
- La proposition de Yann Wehrling de transformer la petite ceinture en «rocade cyclable» (ce qui est loin de faire consensus) ; il fixe un objectif de zéro diésel pour les véhicules municipaux et de TP, par le développement des modes électriques notamment ; il est le seul candidat à évoquer d’emblée la création de maisons du vélo dans chaque arrondissement (sans développer les modalités pratiques pour autant).
- Christophe Najdovski déclinant de façon assez détaillée son plan pour «Paris capitale du vélo», et notamment la baisse généralisée de la vitesse ; la diminution de traffic de transit ; le seul candidat à aborder spontanément la question de la pollution, qu’il inscrit plus dans le cadre de Paris Métropole (création en 2016).
- Julien Bargeton faisant état de son bilan et affirmant sa volonté de continuer sa politique de «partage de la rue» ; il ouvre le débat sur la coercition à l’égard des véhicules en infraction, par la requalification des infractions et l’usage des moyens de vidéosurveillance.
- Anne Lebreton insistant sur la diversité des usagers et la concertation nécessaire avec tou·te·s.
Quelques échanges directs entre les intervenant·e·s à propos du bilan des mandatures en cours ou de la cohérence entre les promesses «vélo» et les autres aspects d’un programme municipal donné (part budgétaire, lutte ou laxisme vis à vis des autres sources de pollution, etc.) ont permis un début de mise en perspective. Avec le sujet du vélo, ce sont beaucoup d’aspects de la politique de la Ville qui peuvent être mis en discussion et faire l’objet de débats.
Après les paroles, des actes !
Pour Vélorution, l’important est aussi ce qui n’a pas été dit ou pas assez dit.
Nous demandons :
La création pour Paris d’un poste de «Monsieur Vélo» ou «Madame Bicyclette» avec un vrai pouvoir décisionnel
(comme celui-là, mais mieux encore)
Ce poste doit être rattaché directement au cabinet du ou de la Maire et avec un rôle politique transversal. Celui que la Ville appelle aujourd’hui «Monsieur Vélo» appartient à la direction de la Voirie et des Déplacements, avec un rôle technique utile mais sans compétence politique ni influence possible sur les autres moyens de transport ou les aspects environnementaux, économiques ou liés à l’habitat.
La création d’ateliers de réparation participatifs, sur un modèle bénévole ou mixte (salarié·e·s + bénévoles) dans chaque arrondissement
Pour étendre l’expérience très positive de l’atelier Bastille mais avec des tailles plus gérables et une vraie vie de quartier (comme l’atelier Cyclofficine dans le 20e arrondissement). Ces ateliers permettraient l’entretien régulier et pour un coût modique de son vélo. Des ateliers permettent la création d’emplois d’Économie Sociale et Solidaire, augmenter recyclage et réemploi d’objets, sans entrer en compétition avec les vélocistes qui ont tout intérêt au développement du vélo (des exemples de partenariats ateliers/vélocistes existant déjà à Paris) et visent des activités différentes.
S’attaquer vraiment aux sources de pollution
La pollution atmosphérique affecte tou·te·s les parisien·ne·s : espérance de vie diminuée de six mois et maladies respiratoires de plus en plus fréquentes et touchant des personnes de plus en plus jeunes. Les pics de pollution récents n’ont vu aucune mise en œuvre par la Préfecture de police des mesures pourtant prévues, et trop peu d’élu·e·s se sont mobilisé·e·s pour défendre la santé de leurs concitoyen·ne·s.
Il faut s’attaquer aux causes :
- La vitesse excessive : supprimer les pics de vitesse motorisée avec une meilleure régulation («vagues vertes») et en baissant la vitesse maximale autorisée.
- Les deux-roues motorisés, qui bénéficient actuellement d’une grande tolérance voire de formes d’encouragement. Cela a permis leur prolifération, catastrophique : encore plus de vitesse, plus de bruit, plus de pollution, circulation sur les trottoirs, attitudes souvent violentes et non-respectueuses des aménagements réservés aux vélos ou aux bus. Il faut se donner les moyens de diminuer le nombre des 2RMs dans l’agglomération.
- Le diesel dont il faut envisager l’élimination totale du parc automobile (pour être clair : voitures individuelles incluses). Leur effet très grave sur la santé n’est plus à prouver.
- Sortir de l’illusion de solution que représentent les déplacements électriques : le nucléaire ou le charbon sont aujourd’hui les principales sources d’électricité avec une pollution maximale, et le cycle de vie complet des batteries est extrêmement néfaste sur l’environnement et donc sur la santé. Encourager les déplacements électriques est contradictoire : on diminue certes les émissions de gaz sur place mais c’est pour massivement polluer ailleurs.
Pour mettre en œuvre ces mesures nécessaires, Vélorution appelle à la tenue d’États généraux du Paris cyclable et respirable, juste après l’élection de la nouvelle équipe municipale.
Ces États généraux devront réunir l’ensemble des acteurs et des actrices de la politique des transports, mais également les associations cyclistes et les organisations de lutte contre la pollution. Il s’agira de prendre le temps d’aborder tous les sujets et d’avoir toutes les discussions nécessaires pour arriver à un véritable plan d’action en faveur du vélo et contre la pollution dans la métropole.
À Paris, il est souvent difficile pour les usagers de faire part de leurs problèmes liés à la pratique du vélo dans la ville. Une fois rapportées, les doléances des cyclistes ne sont pas automatiquement prises en compte et aucun moyen n’est mis en place pour assurer un suivi transparent de celles-ci. Aujourd’hui, la concertation avec les associations cyclistes fonctionne mal : les "comités vélo" font avancer très lentement des points techniques complexes sur les aménagements. La préfecture de police qui y est représentée a plus de poids pour défendre la place de la voiture que les associations cyclistes pour défendre la place du vélo. Ces comités ne sont pas "stratégiques" ou politiques, y parler de lutte contre la pollution ou de code de la rue (avec respect de l’échelle de fragilité des usagers) est toujours considéré comme "hors-sujet" et n’est pas pris au sérieux.
Vélorution demande donc aux candidat·e·s de s’engager à démarrer leur futur mandat par la tenue d’États-généraux du Paris cyclable et respirable, première mission d’un nouveau «Monsieur Vélo» ou d’une nouvelle «Madame Bicyclette» aux pouvoirs suffisants.
En attendant, la campagne électorale bat son plein et les cyclistes sont toujours invité·e·s à envoyer leurs doléances à http://paris2014.velorution.org/participer/
Contact
Pour nous contacter (sans que ce soit un envoi de doléance),
écrivez à paris@velorution.org